Les conséquences démographiques des sièges de Paris, 1870-1871

150e anniversaire de la Commune de Paris
Par Denis Cogneau, Lionel Kesztenbaum, Karine Guerrouche
Français

Paris a subi deux sièges entre septembre 1870 et mai 1871, d’abord par l’armée prussienne, puis par le gouvernement versaillais contre la Commune. Le premier a entraîné une terrible famine, le second un bain de sang. Nous étudions les répercussions de cette crise sur la mortalité infantile, la taille des adultes et leur mortalité à partir d’archives inédites de l’état civil et de la conscription militaire collectées dans l’un des arrondissements les plus pauvres de la ville. Pendant la crise, les décès font plus que doubler à tous les âges et la mortalité des enfants de moins de 5 ans nés en 1869 et 1870 augmente de 30 %. Une fois arrivés à l’âge adulte, les enfants en gestation pendant la crise sont notablement plus petits et leur mortalité est supérieure de 40 % à celle des cohortes nées plus tard ; en revanche, les enfants âgés de 2 à 5 ans pendant la crise ont rattrapé leur retard de taille, en lien avec l’amélioration des conditions de vie après 1871. L’impact d’un choc nutritionnel sur la taille et la durée de vie semble donc dépendre non seulement de la durée de ce choc mais aussi des conditions de vie antérieures et ultérieures, qui elles-mêmes interagissent avec d’éventuels effets de sélection et les âges critiques pour la croissance physiologique.

Mots-clés

  • famine
  • taille
  • surmortalité
  • santé
  • malnutrition
  • Siège de Paris
  • Commune de Paris
  • France
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