Éducation, ethnicité et pratiques reproductives au Cameroun

Par Jennifer Johnson-Hanks
Français

Résumé

On observe souvent que les femmes instruites ont moins d’enfants que les femmes moins instruites, ce qui appelle une interprétation en termes de lien de cause à effet. Toutefois, les femmes instruites diffèrent de bien d’autres façons des femmes n’ayant jamais fréquenté l’école : les deux facteurs sont liés de façon multiple. Le présent article analyse la relation entre instruction et fécondité dans le Cameroun d’aujourd’hui en tant que phénomène à la fois statistique et social, à l’aide de données tirées de l’enquête démographique et de santé (EDS) de 1998 au Cameroun, ainsi que des données ethnographiques collectées sur le terrain par l’auteur. Ces données montrent que les femmes camerounaises instruites se marient plus tardivement et ont moins d’enfants que leurs consœurs non instruites, conformément à des schémas déjà établis. Toutefois, les femmes instruites ont des taux de fécondité prénuptiale annuelle plus élevés que les femmes non instruites, contrairement à ce que prédisent la plupart des modèles causaux. Il est affirmé ici que ces schémas statistiques résultent du niveau élevé de la sélectivité de l’accès à l’école. Les filles instruites viennent de communautés plus tolérantes à l’égard des relations sexuelles prénuptiales, qui accordent une plus grande importance au développement de la personnalité de l’individu, et un rôle moins primordial au mariage. Ensemble, ces différences sociales ont autant d’importance que l’instruction sur la fécondité.

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