Les caractéristiques démographiques et sociales des meurtriers et de leurs victimes

Une enquête sur un département de la région parisienne dans les années 1990
Par Laurent Mucchielli
Français

Résumé

A partir du dépouillement d’une centaine d’affaires criminelles jugées en cour d’appel dans le sud-ouest de la région parisienne durant dix ans (1987-1996), cet article présente les caractéristiques démographiques et sociales de 122 meurtriers et de leurs victimes. Il met notamment en évidence la très forte surreprésentation des milieux populaires et même des couches les plus pauvres de la population, tant dans la population des meurtriers que dans celle de leurs victimes, ainsi que le poids de l’inactivité et du chômage. Il souligne aussi l’importance des déstructurations familiales (abandons, placements divers) et, plus encore, des conflits familiaux. Sur le plan empirique, ces résultats sont comparés à ceux d’études réalisées dans d’autres pays, notamment l’abondante production quantitative nord-américaine. Sur le plan théorique, cet article rejoint les discussions initiées par des auteurs américains travaillant sur les notions de désorganisation et de désagrégation sociale et par des auteurs français travaillant sur les notions de désaffiliation, de disqualification ou de désinsertion pour proposer de dépasser la seule analyse des caractéristiques sociales et familiales des personnes au moment des crimes afin de considérer leurs histoires de vie et intégrer notamment les composantes familiales et scolaires qui ont marqué toute leur trajectoire.

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