Le coût en vies humaines du génocide rwandais : le cas de la province de Gikongoro

Par Marijke Verpoorten
Français

Résumé

Le coût en vies humaines du génocide rwandais reste une question très controversée. L’estimation souvent avancée de 500 000 Tutsis assassinés est fondée sur le recensement de 1991. Mais deux questions non résolues mettent en doute ce chiffre. D’abord, combien y avait-il de Tutsis au Rwanda avant le génocide ? Ensuite, combien ont survécu ? En ce qui concerne la première question, certains observateurs avancent que le recensement de 1991 sous-estime la proportion des Tutsis dans la population. En comparant les chiffres du recensement avec les données démographiques de l’administration locale de la préfecture de Gikongoro, nous apportons des preuves à l’appui de cette thèse et nous examinons la manière dont la sous-estimation peut biaiser l’évaluation du nombre des victimes du génocide. Les statistiques démographiques de 117 secteurs administratifs de la préfecture de Gikongoro permettent en outre une analyse approfondie de la distribution spatiale des massacres dans cette zone. Nous avons calculé que les Tutsis de Gikongoro avaient en moyenne une chance sur quatre de survivre au génocide, la probabilité de survie des femmes n’étant que légèrement supérieure à celle des hommes (29 % contre 21 %). Les chances de survie des Tutsis tiennent plus à la localisation des grands massacres et à la manière dont la violence s’est répandue dans les divers secteurs administratifs qu’aux éventuelles interventions des autorités locales pour empêcher le génocide.

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