Les désirs d'activité professionnelle des femmes mariées chargées de famille

Par Geneviève Gontier, Nicole Dubrulle
Français

Résumé

Le travail professionnel des femmes est un grand sujet très controversé dans les pays avancés. Sans intervenir sur les décisions à prendre, notamment en matière législative, l'I.N.E.D. s'est efforcé de rassembler une documentation propre à éclairer les débats (1). L'évolution des taux d'activité professionnelle des femmes est un des sujets les plus difficiles et les plus mal connus des études sur la population active et l'emploi. Lorsqu'une femme décide de travailler ou de rester inactive, elle doit prendre en considération un nombre très élevé de facteurs, les principaux étant sa situation de famille (état matrimonial, nombre et âge des enfants), les études effectuées, sa qualification, son âge, les possibilités de trouver un emploi dans une certaine aire géographique, l'avis de son mari. Les taux d'activité des femmes observés à l'occasion des recensements constituent la représentation finale d'une somme de décisions de nature complexe prises par des millions de femmes. Nous sommes très mal informés sur le mécanisme de ces décisions, les freins et les stimulants qui peuvent exister en faveur ou contre la prise d'un emploi. De nombreuses analyses qualitatives ont été effectuées à ce sujet. Mais les analyses quantitatives sont peu nombreuses. Combien de femmes souhaitent travailler et ne peuvent mettre leur projet à exécution ? Quelles raisons expliquent leur situation ? Combien de femmes se trouvent empêchées de travailler par l'absence d'emplois, le manque de qualification, l'opposition de leur mari, etc. Une telle analyse quantitative est cependant indispensable aux calculs de prévision des taux d'activité féminine pour les années à venir. Jusqu'à maintenant ces taux ont été déterminés par extrapolation des tendances observées dans le passé pour chaque groupe d'âges. Une telle technique doit être abandonnée au profit de modèles prenant en compte les différents facteurs que nous venons d'énumérer. Cette solution exige la réunion d'une importante documentation sur l'emploi féminin et les facteurs qui le commandent, notamment des études longitudinales sur l'évolution de l'attitude des femmes à l'égard de l'emploi depuis la fin de leurs études jusqu'à l'âge de la retraite. Le Centre d'études de la population active et de l'emploi à l'I.N.E.D a entrepris, en 1966, une enquête qui, sans avoir l'importance souhaitable, éclaire certains éléments de la décision que prend une femme de travailler ou de ne pas travailler et montre comment évolue, dans le temps, son attitude devant les problèmes de l'emploi. Mmes Nicole Dubrulle et Geneviève Gontier ont entrepris une enquête étendue et approfondie sur ce sujet et présentent ici la méthode suivie et les résultats.

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