Différences de mortalité par sexe de la naissance à la puberté en Italie: un siècle d'évolution

I. Principes d'analyse
Par Paola Mancini, Antonella Pinnelli
Français

Résumé

Pinnelli (Antonella) et Mancini (Paola). - Différences de mortalité par sexe de la naissance à la puberté en Italie : un siècle d'évolution On étudie le rapport entre la mortalité des garçons et des filles, entre 0 et 14 ans, en Italie depuis la fin du xixe siècle. L'évolution de ce rapport est passée par quatre phases. Jusque vers 1920, la période est défavorable aux filles ; le rapport de masculinité décroît à tous les âges ; au-delà du premier anniversaire, il descend en dessous de l'unité (surmortalité des filles), d'autant plus nettement que l'âge est élevé; la mortalité infantile continue d'être plus forte pour les garçons que pour les filles, mais l'écart est inférieur à celui qu'on s'accorde à considérer comme «biologique». Entre 1920 et 1940 environ, la surmortalité féminine disparaît progressivement à tous les âges; vers 1940, au-delà du premier anniversaire, garçons et filles décèdent avec des fréquences voisines. Entre 1940 et 1980, l'avantage des filles s'accentue rapidement; la surmortalité masculine est d'autant plus forte que l'âge est plus élevé, elle atteint 80% à 10-14 ans. Mais après 1980 apparaissent les premiers signes d'un renversement de tendance, qu'on observe aussi dans de nombreux pays occidentaux. Avec le recul continu des maladies infectieuses puis des affections digestives, la mortalité infantile et la surmortalité des garçons dans l'année de la naissance dépendent de plus en plus des « conditions morbides d'origine périnatale ». Au-delà du premier anniversaire, la surmortalité féminine des premières décennies du xxe siècle reflète essentiellement une surmortalité d'origine infectieuse et digestive. Après 1950, la diminution rapide de ces causes de décès donne une place relative accrue aux accidents, dont la fréquence ne diminue que lentement, et aux tumeurs, qui augmentent. Les maladies qui touchaient en priorité les filles reculent donc et les causes où la surmortalité est masculine prennent un poids accru. Après 1980, la diminution de la mortalité accidentelle et l'écart réduit entre garçons et filles sur ce point entraînent un renversement du mouvement général. L'évolution d'ensemble de la mortalité et des causes de décès expliquent donc en partie les variations du rapport de masculinité, car les causes qui frappaient surtout les filles se sont résorbées plus vite que celles qui touchent en priorité les garçons. Mais la différenciation sexuelle des pratiques éducatives a sans doute aussi joué un rôle important dans cette évolution.

Voir l'article sur Persée