Les réponses des hommes valent-elles celles des femmes ? Une double collecte sur les questions génésiques et matrimoniales dans une population du Mali

Par Véronique Hertrich
Français

Résumé

Hertrich (Véronique).- Les réponses des hommes valent-elles celles des femmes ? Une double collecte sur les questions génésiques et matrimoniales dans une population du Mali S'appuyant sur une double collecte biographique dans un village du Mali, cet article compare les déclarations des hommes et des femmes sur les mariages qui leur sont communs et les naissances qui en sont issues. Contrairement au schéma attendu, les hommes déclarent mieux les grossesses n'ayant pas abouti à une naissance vivante que leurs épouses, probablement en raison d'une occultation ou négligence des femmes à déclarer des événements qui s'affirment comme des échecs de fécondité. L'omission des enfants décédés en bas âge est, en revanche, plus forte de la part des hommes et les estimations de mortalité établies à partir de leurs histoires génésiques sous- estiment ainsi celles que permettent les données féminines. Par rapport à l'ensemble des naissances vivantes, la sous-déclaration des hommes est cependant très modeste et n'entrave pas l'obtention d'une mesure satisfaisante de la fécondité masculine. Du point de vue matrimonial, les déclarations masculines paraissent de meilleure qualité ; elles décrivent plus complètement les composantes du processus préalable à l'union, surtout sur la période ancienne, ce qui tient probablement à leur implication plus importante dans la pratique matrimoniale. Les femmes, associées plus tardivement dans les procédures matrimoniales, en ont une connaissance plus partielle qui rend leurs déclarations moins satisfaisantes pour décrire les procédures matrimoniales et leur évolution. Ces résultats invitent à s'intéresser davantage aux biographies familiales des hommes.

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