L'automne de l'amour : la vie sexuelle après 50 ans

Comportements sexuels et transformations sociales
Par Joëlle Gaymu, Christiane Delbès
Français

Résumé

Delbès (Christiane), Gaymu (Joëlle).- L'automne de l'amour : la vie sexuelle après 50 ans Traditionnellement, la société conçoit la vieillesse comme une période asexuée. Or l'étude des comportements sexuels a montré que certaines personnes âgées et même très âgées continuaient à avoir une vie sexuelle active et satisfaisante. Certes, par rapport à leurs cadets, les plus âgés se singularisent à plus d'un titre (ils ont moins souvent un partenaire, leurs rapports sexuels sont moins fréquents, leur « art d'aimer» moins varié...) mais la comparaison des enquêtes Simon (1970) et ACSF (1992) nous a permis de montrer que l'effet de l'avance en âge (dégradation de l'état de santé et plus particulièrement croissance des dysfonctions sexuelles) ou du cycle de vie (perte du conjoint, usure du couple...) n'étaient pas les seuls responsables. L'enrichissement de la vie sexuelle des aînés de 1992 par rapport à ceux de 1970 prouve qu'il y avait hier et peut-être encore aujourd'hui un effet de génération. Le suivi des cohortes 1921-1940, qui certes ont bénéficié du contexte de libération des mœurs, a montré que contrairement à l'observation transversale, l'éventail des pratiques amoureuses ne se refermait pas, l'aptitude à atteindre l'orgasme par des caresses manuelles ou buccales s'améliorait et la sensation de bien-être après l'amour et la satisfaction à l'égard de la vie sexuelle actuelle augmentaient. Si donc en 1992 on note des décalages entre jeunes et plus âgés c'est en partie parce que ces derniers ont vécu toute ou partie de leur vie amoureuse à une époque où les expressions de la sexualité étaient plus contrôlées ; pour nombre de sexagénaires la libération des mœurs est arrivée trop tardivement dans leur vie pour changer leurs habitudes.

Voir l'article sur Persée