Nationalité et origine dans la statistique française : les catégories ambiguës

La variable «ethnie» comme catégorie statistique
Par Patrick Simon
Français

Résumé

Simon (Patrick).- Nationalité et origine dans la statistique française : les catégories ambiguës Les catégories mobilisées en sciences sociales pour décrire et analyser les phénomènes liés à «l'immigration» ont connu de profondes transformations ces dernières années. Venant après plus d'un siècle d'usage exclusif du classement par nationalité juridique, l'utilisation de la catégorie des immigrés a marqué une première rupture avec la tradition statistique française. Les références à l'origine, c'est-à-dire à l'ascendance des individus, connaissent désormais des développements rapides, ce qui annonce une seconde rupture encore plus décisive. Ces évolutions se produisent dans un contexte d'inadaptation des systèmes d'enregistrement et de codification construits pour répondre à des préoccupations différentes, et finalement fort peu scientifiques. Pour comprendre le décalage qui s'institue entre l'encodage pratiqué par l'institution statistique et les questionnements scientifiques portant sur le fait migratoire et ses conséquences à long terme sur la société française, nous nous proposons de revenir sur l'histoire de la classification des populations liées à l'immigration. Ce rapide aperçu nous permettra de mettre en évidence l'empreinte du modèle national sur les catégories utilisées en sciences sociales. La seconde partie de l'article est consacrée à l'évaluation des limites et potentialités des différentes catégories utilisées dans les études quantitatives traitant de phénomènes sociaux où sont impliqués des « immigrés » ou des personnes « issues de l'immigration ». Les problèmes posés par la construction des catégories faisant référence à l'origine, le plus souvent ethnique, des individus seront abordés à partir d'une compilation non exhaustive des exploitations d'enquêtes récentes.

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