Munoz-Pérez Francisco, Prioux France.- Les enfants nés hors mariage en France et leurs parents. Reconnaissances et légitimations depuis 1965 Une enquête dans les registres d'état civil permet d'observer la filiation paternelle des enfants nés hors mariage. Si dans la cohorte 1965, 3 enfants sur 4 ont été reconnus par leur père, pour les cohortes récentes ce sera le cas de plus de 9 sur 10, pour la plupart dès leur naissance. Les reconnaissances prénatales, autrefois inexistantes, concernent désormais plus du tiers des enfants, et sont effectuées presque toujours avec la mère, car ces enfants naissent le plus souvent au sein de couples stables. Mais la légitimation est devenue moins fréquente et plus tardive : le mariage a perdu de son intérêt pour les couples et pour les enfants, dont le statut est désormais presque identique à celui des enfants nés dans le mariage. Très différents des parents mariés avant les années 1980, quant à l'âge et à la profession, les parents non mariés ressemblent plus à ces derniers. Mais ils restent plus jeunes, les catégories populaires demeurent surreprésentées, et l'homo- gamie socioprofessionnelle des couples un peu plus marquée. Dans les années 1960 et 1970, les chances pour qu'un enfant soit reconnu par son père puis légitimé étaient d'autant plus fortes que la mère était jeune; si elle était inactive, l'enfant était plus souvent et plus vite reconnu, surtout lorsque le père était ouvrier, mais alors l'enfant était moins souvent légitimé. Les naissances hors mariage, peu nombreuses, survenaient en effet surtout dans des milieux spécifiques (ouvriers vivant en concubinage et forains notamment) ou étaient dues à des circonstances particulières (grossesses accidentelles, difficulté d'obtenir le divorce, etc.). Aujourd'hui, avec la généralisation de la cohabitation, d'une part, et la raréfaction des naissances non désirées, d'autre part, les différences de comportement selon le milieu social se sont affaiblies, en particulier à l'égard de la légitimation. Seules les reconnaissances prénatales sont encore socialement marquées.