Andro Armelle, Hertrich Véronique.- La demande contraceptive au Sahel : les attentes des hommes se rapprochent-elles de celles de leurs épouses? Le niveau faible de la pratique contraceptive dans les pays du Sahel est souvent attribué aux carences des services de planification familiale, l'existence d'une demande de contraception, étayée par les enquêtes réalisées auprès des femmes, étant supposée acquise. Cet article reconsidère la question de la demande contraceptive en prenant en considération non seulement les attentes des femmes, mais aussi celles des hommes et enfin celles des couples. Les analyses sont réalisées à partir des enquêtes démographiques et de santé du Burkina Faso (1993) et du Mali (1995-1996), le cas du Ghana (1993) étant utilisé comme point de comparaison. Les résultats rendent compte d'une forte hétérogénéité de la demande contraceptive. La demande de limitation des naissances, substantielle de la part des femmes, est beaucoup plus faible de la part des hommes, et presque insignifiante quand on la mesure au niveau du couple. Cette hétérogénéité constitue un frein important à la diffusion de la contraception, les hommes ayant un rôle décisif dans le passage à la pratique contraceptive. En effet, au Mali comme au Burkina Faso, la probabilité d'utiliser la contraception est principalement liée aux attentes des hommes, le point de vue de la femme comptant peu. Ce schéma semble cependant remis en cause par les jeunes générations au sein desquelles les aspirations des hommes et des femmes sont moins hétérogènes.