Tensions normatives et rapport des femmes à la contraception dans 4 pays africains

Dossier ECAF
Par Nathalie Bajos, Maria Teixeira, Agnès Adjamagbo, Michèle Ferrand, Agnès Guillaume, Clémentine Rossier
Français

Les analyses classiques sur les obstacles au recours à la contraception en Afrique se centrent sur la valeur sociale attribuée à une fécondité élevée, la peur des effets secondaires et l’accès à l’offre. Cet article caractérise l’ensemble des situations qui peuvent être à l’origine d’une grossesse non prévue et identifie les logiques sociales qui en favorisent la survenue. Deux cents entretiens semi-directifs ont été menés dans les capitales du Burkina Faso, du Ghana, du Maroc et du Sénégal en 2006-2007 dans le cadre de l’enquête Emergency Contraception in Africa (ECAF). Les analyses montrent que le respect simultané des normes procréatives et des normes en matière de sexualité, où domine un double standard qui prône l’interdit de la sexualité prémaritale pour les jeunes filles et le primat du plaisir sexuel masculin, favorise les rapports sexuels où la contraception n’est pas ou mal utilisée. Les facteurs sont relativement semblables dans les quatre pays ; toutefois le degré de rigidité des normes concernées diffère d’un pays à l’autre, notamment en matière de sexualité préconjugale. Finalement, la question d’une pratique efficace de la contraception va bien au-delà des « besoins non satisfaits », concept central dans la littérature qui se focalise sur la non-utilisation de la contraception.

Mots-clés

  • contraception
  • genre
  • normes
  • sexualité
  • grossesse non prévue
  • Afrique subsaharienne
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