Peut-on parler de féminisation des flux migratoires du Sénégal et de la République démocratique du Congo ?

Par Sophie Vause, Sorana Toma, Camille Richou
Français

Plusieurs recherches, principalement centrées sur l’Asie et l’Amérique latine, ont fait état d’une présence croissante des femmes dans les flux migratoires internationaux, et plus particulièrement en tant qu’actrices économiques indépendantes. Cet article examine dans quelle mesure il est possible d’observer ces deux tendances dans le contexte africain. Il s’appuie sur des données collectées par le projet Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE) au Sénégal, en République démocratique du Congo et dans plusieurs pays européens. L’analyse biographique en temps discret ne montre qu’une hausse modérée dans le temps de la probabilité de migrer pour les femmes, plus particulièrement vers les pays occidentaux, mais pas de réduction des disparités entre les sexes. La collecte d’une information rétrospective riche auprès des migrants actuellement à l’étranger et de retour dans leur pays d’origine rend possible une analyse plus approfondie de la nature des migrations féminines. Plusieurs indicateurs nous permettent d’examiner dans quelle mesure les femmes se déplacent de manière autonome ou avec leur conjoint. Des signes de progression des migrations féminines autonomes ont été identifiés au sein de la population migrante congolaise, tandis qu’aucun changement saillant n’est perceptible au Sénégal. Un système patriarcal et des normes traditionnelles plus rigides en matière de genre caractérisent le Sénégal et peuvent expliquer certaines différences par rapport à la République démocratique du Congo.

Mots-clés

  • féminisation
  • genre
  • flux migratoires internationaux
  • Afrique sub saharienne
  • migration féminine autonome
  • République démocratique du Congo
  • Sénégal
  • Europe
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