Une perspective malthusienne du repeuplement après l’expulsion des Morisques d’Espagne, 1610-1800

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Par Francisco J. Marco-Gracia, Karine Guerrouche
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L’expulsion des Morisques du Royaume d’Aragon en 1610 a vidé de nombreux villages de leurs habitants, que les autorités se sont rapidement efforcées de repeupler en proposant des parcelles « bon marché ». Néanmoins, les nouveaux habitants étant bien moins nombreux que les Morisques expulsés, l’offre de logements et de terres a excédé la demande. Cet article examine le rôle des freins préventifs malthusiens dans ce contexte de faible pression démographique. À l’aide de la méthode de reconstitution des familles qui permet de relier entre elles les micro-données issues des registres paroissiaux, on compare cinq villages repeuplés et trois villages chrétiens voisins n’ayant pas eu de Morisques expulsés. Comme les villages repeuplés affichent un taux d’accroissement de la population plus rapide que les autres villages, on tente de déterminer l’origine de cette différence. Les résultats confirment qu’un assouplissement des freins préventifs malthusiens s’est produit avec l’abaissement de l’âge au mariage et du taux de célibat, conduisant à une augmentation de la fécondité légitime. Cependant, le pourcentage d’émigrants plus important dans les villages repeuplés que dans les autres a freiné la croissance de la population. La situation économique moins favorable dans les villages repeuplés, vérifiée par les testaments, explique sans doute cette tendance.

Mots-clés

  • freins préventifs
  • Malthus
  • pression démographique
  • repeuplement
  • Morisques
  • Espagne
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