La nuptialité des Françaises avant 1851, d'après l'état civil des décédées Etienne Van de Walle Avant le recensement de 1851, on ne dispose pas en France de statistiques permettant de mesurer directement la nuptialité. Il existe cependant aux Archives Nationales des statistiques sur les décès annuels par sexe, âge et état matrimonial, pour chaque département, depuis 1806. Ce sont les données qui sont utilisées ici, pour le seul sexe féminin. Leur utilisation pose un problème immédiat : la situation matrimoniale des décédées n'est pas représentative de celle des survivantes, s'il existe une mortalité différentielle selon l'état matrimonial. Pour passer de la première à la seconde, on a calculé (dans le tableau 2) le rapport Z. de la proportion de célibataires à l'âge i d'après les recensements de 1851, 1856, 1861 et 1866, à la proportion de célibataires parmi les décédées au même âge les années correspondantes. Les valeurs de Z? ont été également reportées dans la figure 1. Comme elles dépendent peu de l'époque, on a effectué la moyenne des Zi pour les quatre recensements (Z(). En multipliant la proportion de célibataires parmi les décédées d'âge i (ct) par Zj, on obtient donc une estimation du célibat au même âge dans la cohorte née i années plus tôt : la figure 2 reprend ainsi les données du tableau 1, pour la période 1806-1865. Un contrôle a pu être effectué sur l'effectif total des célibataires (1 - MV) qui est connu aux recensements de 1806, 1821, et 1831. On peut ainsi se faire une idée de la nuptialité dans les cohortes 1746 (60 ans en 1806) et plus. La figure 3 représente la proportion de célibataires à 50-74 ans (célibat définitif). Il en ressort une grande stabilité sur la période d'étude: 11,5 à 12%. Par la formule de Hajnal, on peut en tirer une estimation de l'âge au premier mariage, soit 24 ans. L 'analyse est ensuite poursuivie par département, mais les résultats en sont évidemment moins précis. Le tableau 3 présente une estimation du célibat définitif (rapport des décès de célibataires après 50 ans au total des décès) pour la génération 1 746. Cette estimation est reprise dans la carte 1. La comparaison avec le taux de célibat définitif des générations 1796- 1800, calculé d'après les recensements (3e colonne du tableau 3) montre une grande stabilité des disparités régionales : le taux départemental varie de 7 à 23%. Enfin, on trouve dans les colonnes 4 et 5 du tableau 3 la proportion de célibataires parmi les décédées à 20-24 ans, vers 1806-1815 (carte 2) et 1841-1850 (carte 3).