La dynamique des substitutions linguistiques au Canada
Cet article propose une méthode d’estimation des substitutions linguistiques basée sur le principe de la cohorte fictive et de l’analyse de survie. À partir des données d’un seul recensement, cette méthode permet d’obtenir des taux de substitution linguistique pour différents groupes de population au Canada (selon la langue transmise à la naissance, le statut d’immigrant, l’âge à l’immigration, le niveau d’études) et pour toutes les régions concernées du pays. La robustesse de la méthode est validée en comparant les résultats obtenus à partir des recensements canadiens de 1991, 1996, 2001 et 2006. Les taux de substitution linguistique selon l’âge ou la durée d’immigration sont robustes dans le temps, mais varient significativement selon les groupes de population. Ils sont très faibles chez les immigrants allophones de première génération arrivés au Canada à l’âge adulte, mais peuvent atteindre 90 % dans la seconde génération. Ces taux varient peu d’une région à l’autre du Canada pour les allophones, mais davantage pour les minorités de langue officielle, atteignant dans certains cas des taux comparables à ceux de la seconde génération d’immigrants allophones. Au Québec, où le français et l’anglais constituent deux langues de convergence pour les allophones, la hausse des substitutions linguistiques effectuées vers le français est largement tributaire des changements dans la composition ethnolinguistique de l’immigration.
Mots-clés
- substitutions linguistiques
- transferts linguistiques
- Canada
- Québec
- immigrants
- démolinguistique