Le marquis de Sade et la question de la population

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Par Jean-Marc Rohrbasser, Jacques Véron
Français

Dans quatre de ses textes majeurs (Aline et Valcour, Histoire de Juliette, La Nouvelle Justine et La Philosophie dans le boudoir) écrits entre 1795 et 1799, Sade manifeste un intérêt certain pour la question de la population. Il élabore ce qui pourrait s’apparenter à un système cohérent. La propagation de l’espèce humaine est envisagée comme une entrave au bien-être tant à l’échelle collective qu’au niveau individuel. Pour Sade, tout devrait être mis en œuvre pour limiter cette propagation, puisque l’humanité ne peut revendiquer aucun statut d’exception dans la nature. L’abandon d’enfants, l’infanticide, la sodomie ou l’avortement sont alors présentés comme autant de freins à la population. Par ailleurs, comme Malthus à la même époque, Sade craint un accroissement du nombre des pauvres et se montre par conséquent hostile à toute aide envers eux. Au-delà des excès auxquels se livrent les personnages des romans de Sade, dont les « dissertations » illustrent ses conceptions en la matière, les idées développées dans ces œuvres, en raison de leur cohérence et de leur originalité, méritent une véritable attention. Alors que chez Malthus le principe de population légitime en dernier ressort la contrainte morale, pour Sade le principe de plaisir doit toujours prévaloir. La dialectique de la destruction et de la création fonde la théorie sadienne de la population.

Mots-clés

  • Sade
  • Malthus
  • nature
  • matérialisme
  • plaisir
  • vice
  • propagation humaine
  • sexualité
  • libertinage,.
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