Déchiffrer la grippe russe. Quand une pandémie devient un événement statistique (1889-1893)

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Par Frédéric Vagneron
Français

L’usage des chiffres pour décrire l’ampleur de l’épidémie de grippe constitue une innovation savante à la fin du xixe siècle en France. L’article décrit le rôle de statisticiens français comme Jacques Bertillon et Victor Turquan dans la mise à jour des chiffres témoignant de la gravité de la grippe de 1889-1890, grâce au calcul de la surmortalité sur la période. Les études statistiques réalisées entre 1890 et 1893 ont non seulement produit un bilan de mortalité inédit pour le pays à l’échelle du siècle, mais aussi apporté un argument décisif à l’hypothèse de contagiosité de la maladie. Ils ont confirmé les informations fournies par la nouvelle presse de l’époque, qui avait la première suivi la propagation de la pandémie grâce au réseau de télégraphe. Au niveau politique, ces nouveaux savoirs statistiques sur la pandémie ont pourtant été relégués au rôle d’accident de la mortalité nationale, face à la tendance inquiétante de dépopulation nationale à la fin du xixe siècle. Parce qu’elle saisit la grippe indissociablement de ses complications, le succès de la mesure des épisodes grippaux par la surmortalité ne s’est pas démenti depuis.

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