Prise en compte de la durée et de l’intensité du tabagisme dans l’estimation de la mortalité attribuable au tabac : une nouvelle méthode appliquée au cancer du poumon en France

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Par Michel Grignon, Thomas Renaud, Karine Guerrouche
Français

La méthode canonique d’estimation de la mortalité attribuable au tabac ne prend en compte ni le nombre d’années durant lesquelles l’individu a fumé, ni le temps écoulé depuis l’arrêt le cas échéant. Elle ne permet donc pas de mettre en oeuvre des projections incluant des scénarios alternatifs de modification des comportements d’initiation ou d’arrêt du tabagisme. Cet article propose une nouvelle méthode qui combine, d’une part, les valeurs empiriques provenant de la littérature épidémiologique des effets de la durée (du tabagisme et depuis l’arrêt) sur la mortalité et, d’autre part, les distributions réelles de ces durées dans la population. Cette nouvelle méthode est plus coûteuse en données que la méthode canonique, notamment appliquée dans le cas du cancer du poumon en France en agrégeant des enquêtes transversales répétées (enquêtes « Baromètre Santé » de l’INPES de 1975 à 2010) pour créer des pseudo-cohortes. Selon ce modèle, la mortalité par cancer du poumon augmenterait de 50 % jusqu’en 2035, avant de se stabiliser. Les simulations montrent que diviser par deux le taux d’initiation chez les adolescents sauverait 20 500 vies au cours de la période 2010-2060, alors qu’un doublement du taux de cessation chez les adultes sauverait 53 000 vies sur la même période. Ce travail permet de quantifier l’intuition selon laquelle les interventions et politiques visant à augmenter le sevrage sauveraient plus de vies à moyen terme que celles visant à prévenir l’initiation.

Mots-clés

  • tabagisme
  • mortalité
  • simulations
  • politique publique
  • France
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