Décès du conjoint et mobilité résidentielle en France : Des désavantages cumulatifs aux âges avancés
Résumé
Un mécanisme souvent discuté en sociologie des parcours de vie est celui de désavantage cumulatif : face aux mêmes chocs biographiques, les individus seraient touchés d’autant plus durement qu’ils disposent de peu de ressources, d’où un accroissement tendanciel des inégalités avec l’avancée en âge. Nous testons ce principe pour le cas particulier de la mobilité résidentielle à la suite d’un veuvage. À partir des données de l’Échantillon démographique permanent (EDP), un panel de grande taille sur la population française hexagonale, et en mobilisant une méthode d’appariement, nous montrons que le veuvage entraîne une surmobilité et une dégradation de la position résidentielle d’autant plus fortes que l’on descend dans la hiérarchie socioprofessionnelle, conformément à l’hypothèse du désavantage cumulatif. Les veufs et veuves plus âgé·es sont aussi plus impacté·es. En revanche, les conséquences résidentielles du veuvage sont proches pour les hommes et les femmes, à l’exception d’une propension plus forte pour les hommes à entrer en institution. Ces résultats rappellent que la population âgée ne doit pas être considérée comme homogène dans les études sur le vieillissement.
Mots-clefs
- veuvage
- mobilité résidentielle
- France
- inégalités sociales
- désavantage cumulatif
- vieillissement