La nouveauté d'un genre ancien : Louis Henry et la fondation de la démographie historique

Par Paul-André Rosental
Français

Résumé

Pourquoi Louis Henry a-t-il créé une discipline scientifique, la démographie historique, qui domine l’histoire des populations des années 1950 aux années 1980, en remontrant même à l’école des Annales? Au-delà de l’historiographie et de l’histoire des théories démographiques, la réponse suppose une histoire de l’État, des politiques publiques, des institutions démographiques et des politiques de population. Après 1945, les organisations internationales, notamment la Division de la population à l’Onu, donnent à la démographie analytique à la Lotka une assise planétaire. Elles s’intéressent particulièrement à la fécondité. Le baby-boom des pays riches remet en cause l’idée de prévisions démographiques, la notion de transition démographique, et menace les systèmes d’allocations familiales. L’expansion de la population mondiale soulève la question du contrôle des naissances dans les pays en développement. Les démographes souhaitent déterminer la « fécondité naturelle », qui serait celle de populations ne pratiquant pas la contraception, mais butent sur les problèmes d’enregistrement statistique dans le Tiers-Monde. Pour Henry, les registres paroissiaux de l’Ancien Régime permettent de les surmonter. L’actualité du problème est telle qu’Alfred Sauvy à l’Ined accepte de financer ses études, et que les grands démographes de son époque comme Notestein, Glass ou Hajnal sont d’emblée convaincus que la démographie historique apporte une contribution majeure à la démographie théorique.

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