Persistance des inégalités entre générations liées à l'immigration : l'accès à l'emploi des immigrés et de leurs descendants en France

Étrangers, immigrés et enfants d'immigrés : perspectives historiques et sociologiques sur l'insertion et l'emploi
Par Dominique Meurs, Ariane Pailhé, Patrick Simon
Français

Résumé

Si les travaux sur la mobilité intergénérationnelle sont assez classiques en France, la question des trajectoires sociales suivies par les descendants de migrants est d’apparition relativement récente. À partir des données de l’enquête Étude de l’histoire familiale, couplée au recensement de 1999, cet article analyse l’insertion professionnelle des enfants d’immigrés appréciée par l’accès à l’emploi et les positions occupées sur le marché du travail, en les comparant aux immigrés et aux « natifs ». Si une modification substantielle des formes d’activité est intervenue d’une génération à l’autre, les « secondes générations » connaissent toujours d’importantes difficultés pour entrer dans le marché du travail. À la surexposition au chômage s’ajoutent une plus grande précarité dans l’emploi et une dépendance à l’égard des emplois aidés. En revanche, la forte ségrégation professionnelle qui s’observe pour les immigrés diminue à la génération suivante, signalant un processus de diffusion dans l’espace des professions. La persistance des écarts entre secondes générations et natifs contredit l’hypothèse d’une mobilité entre générations liées à l’immigration résultant de la scolarisation et de la socialisation en France. Ce handicap d’une origine « héritée » témoigne de l’existence de discriminations, qui pèsent principalement sur les trajectoires des immigrés maghrébins, africains et turcs, mais aussi sur celles de leurs descendants.

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