Le chikungunya à la Réunion : facteurs sociaux, environnementaux et comportementaux en situation épidémique

Maladies infectieuses et santé publique en Afrique
Par Michel Setbon, Jocelyn Raude
Français

Résumé

Entre mars 2005 et mai 2006, l’île de la Réunion a été frappée par une épidémie de chikungunya qui a touché 260 000 personnes, soit près de 38 % de la population de l’île. Le chikungunya est une maladie virale, transmise par un moustique, contre laquelle il n’existe aucun traitement efficace. Une enquête socio-épidémiologique a été réalisée en mai 2006 auprès d’un échantillon représentatif de la population (N = 1 035) qui visait à identifier les facteurs en relation avec une probabilité élevée de contamination : d’une part, des facteurs objectifs, socio-économiques, démographiques et environnementaux, et d’autre part des facteurs subjectifs, tels que la perception du risque, de la maladie et des modes de protection disponibles, les connaissances et croyances sur l’origine et les modalités de transmission de la maladie, les attitudes, et les modes de protection utilisés. L’analyse montre que la contamination est associée de façon significative : d’une part, avec un niveau socio-économique caractérisant les personnes défavorisées et vivant dans une maison individuelle avec jardin ; d’autre part, avec l’existence de croyances alternatives (non démontrées scientifiquement) qui, couplées à une attitude fataliste, fondent un sentiment de non-contrôlabilité de la contamination. En matière de comportements, seul l’usage fréquent de répulsifs corporels (sprays et crèmes) s’est avéré associé à une réduction de la probabilité de contamination. Ainsi, conditions socio-économiques, habitat, système de croyances et comportements présentent une forte interdépendance qui dessine des modèles socioculturels plus ou moins favorables à la contamination.

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