Le surplus urbain des femmes en France préindustrielle et le rôle de la domesticité
Résumé
Fauve-Chamoux (Antoinette).- Le surplus urbain des femmes en France préindustrielle et le rôle de la domesticité Au cours du XVIIIe siècle, la plupart des villes européennes présentent un excédent de femmes qui est la conséquence des mouvements de population et de la mortalité différentielle des hommes et des femmes. En France, les agglomérations urbaines d'Ancien Régime sont caractérisées par le nombre de femmes seules qui, célibataires ou veuves, vivent de leur travail. Les plus jeunes sont souvent domestiques et d'origine campagnarde. La mobilité des jeunes gens fait donc partie du modèle familial européen. Les modèles de formation de la famille occidentale définis par John Hajnal et Peter Laslett ont déjà mis l'accent sur le rôle de la domesticité comme paramètre autorégulateur de sociétés en croissance démographique, où le mariage devient de plus en plus tardif et sélectif. Dans ce schéma de fonctionnement démographique et social « malthusiennement » contrôlé, il y a en général corrélation entre la fréquence élevée du célibat, ainsi que des naissances illégitimes, et la présence de domestiques. L'ambition de cet article n'est pas de rouvrir le débat sur les modèles de formation de la famille en Europe, mais d'aider à évaluer de plus près le rôle que jouent assurément les servantes dans la formation des populations urbaines d'Ancien Régime - ces jeunes femmes qui n'hésitent pas à migrer et à travailler chez autrui.