La Cité platonicienne : histoire et utopie

Par Yves Charbit
Français

Résumé

Depuis Malthus, plusieurs commentateurs ont relevé, dans l’œuvre de Platon, des indications quantitatives qui les ont conduits à le considérer comme un précurseur de la pensée démographique. Cet article montre que cette interprétation se heurte à plusieurs contradictions entre le texte des Lois et celui de la République et que la cohérence profonde de la pensée de Platon ne peut être mise en évidence au niveau démographique. La fascination pour les mathématiques et l’influence pythagoricienne doivent d’abord être prises en compte.
Mais surtout c’est la Cité, à la fois modèle utopique idéal et construction sociale concrète, qui fournit la clé de la pensée « démographique » de Platon. Confronté au problème fondamental du pouvoir et de la justice, la solution qu’il propose est de rétablir l’harmonie entre la Cité, en tant qu’entité politique, et les citoyens qui la composent. Mais cette démarche philosophique est complétée par une polémique hostile à la démocratie, responsable selon lui de la décadence d’Athènes. La philosophie et l’histoire politique de la Grèce des IVe et Ve siècles av. J.-C. sont donc essentielles pour comprendre le sens de ces mesures, qualifiées à tort de démographiques et d’eugéniques, suspectées de relever d’une pensée totalitaire, alors qu’elles renvoient à une conception de l’homme bien différente de la nôtre.

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