L'État et la difficile saisie statistique de la religion : l'exemple des protestants dans les recensements en France au XIXe siècle

Par Claude Dargent
Français

Résumé

L’exemple des protestants montre qu’il faut prendre les données religieuses produites par les quatre recensements de 1851 à 1872 en France avec beaucoup de précautions. Curieusement, en 1851, la répartition départementale des cultes n’est pas publiée, en raison de « considérations d’une nature particulière » non explicitées. La question sur la religion est ensuite retirée du recensement de 1856 pour réapparaître en 1861 : les rédacteurs se réjouissent alors de la disparition des difficultés « assez graves » rencontrées en 1851. La stabilité du dénombrement de la population réformée telle qu’elle est publiée, les écarts entre le recensement de la population protestante urbaine en 1851 et les chiffres des sources locales, sa très forte croissance sur la période suivante et le fait que la population des réformés annoncée pour ce recensement corresponde exactement au plancher justifiant le nombre de pasteurs rémunérés par l’État en vertu du Concordat font naître une hypothèse : celle d’une importante sous-déclaration des protestants. L’État aurait alors réévalué le nombre obtenu en 1851 de façon à éviter les problèmes politico-religieux qui risquaient de se poser. On assisterait ensuite à un recul de la sous-déclaration à partir de 1861, décalé de quelques années pour Paris.

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