Retard ou refus du mariage : l'évolution récente de la première nuptialité en France et sa prévision

Par Louis Roussel, Hervé Le Bras
Français

Résumé

Le Bras Hervé et Roussel Louis. — Retard ou refus du mariage: l'évolution récente de la première nuptialité en France et sa prévision. Les auteurs observent deux séries de taux de première nuptialité, par année d'âge (France et Suède, 1972-1980). Ils tentent de trouver, par simulation la loi qui aurait commandé, d'une année sur l'autre ces évolutions. Ils montrent qu'un changement du seul calendrier, comme de la seule intensité, ne peut rendre compte de la dérive des taux. La combinaison de ces deux variables, à son tour, n'aboutit pas à des reconstructions satisfaisantes. Finalement, le modèle qui reproduit au plus près les données observées consiste à décomposer les variables en deux sous-populations : l'une, de moins en moins nombreuse, continuerait à suivre les taux de nuptialité antérieurs à l'inversion de la tendance (1972 pour la France); l'autre, de plus en plus nombreuse adopterait une attitude d'ajournement du mariage, attitude comportant un risque de célibat définitif qui augmenterait avec la durée de l'ajournement. La bonne correspondance obtenue entre les taux reconstruits et les données réelles, comme la simplicité des hypothèses prises en compte, permettent de considérer ce modèle comme un instrument d'analyse fiable. On devrait ainsi considérer comme acquis que les nouvelles générations ont déjà pour une large part, abandonné le type de nuptialité où 95 % des jeunes se mariaient. Il est désormais très probable que l'intensité finale des générations féminines 1955-1959 se situera au maximum vers 80%, et vraisemblable qu'elles descendent encore au-dessous de cette valeur.

Voir l'article sur Persée