Mariage et régulation démographique : le cas de la Chine

Reconstituer la population avant l'ère statistique
Par Liu Chang Hong, Jean-Claude Chesnais
Français

Résumé

Chesnais Jean-Claude et Liu Chang Hong. — Mariage et régulation démographique : le cas de la Chine. La Chine a, depuis le début des années 1970, connu la chute de fécondité la plus rapide jamais observée dans aucun pays du monde. C'est que la politique de limitation des naissances a utilisé un ensemble de moyens puissants et coordonnés, parmi lesquels l'incitation au mariage tardif a joué un grand rôle. Le propos de cet article est triple : retracer l'évolution des principales caractéristiques de la nuptialité (calendrier et intensité, stabilité des unions), en saisir certaines spécificités régionales, puis resituer le schéma de variation de la nuptialité chinoise dans le contexte international. Trois sources sont utilisées : le recensement et l'enquête post-censitaire de 1982, l'enquête de 1929-1931 sur les familles paysannes. On montre que l'élévation de l'âge au mariage est un phénomène ancien, antérieur aux années 1950. Au total, l'âge moyen au premier mariage des filles a augmenté de 5 ans en 50 ans. Cette variation n'a pas ébranlé l'institution matrimoniale car le mariage reste universel et le divorce très rare; les disparités régionales sont elles-mêmes assez faibles, seules les provinces à fortes minorités nationales s'écartent sensiblement de la norme. Le schéma de variation de la nuptialité chinoise est ensuite replacé dans une typologie dynamique plus générale (inspirée de la classification européenne de Hajnal) des influences régulatrices de la nuptialité dans la transition démographique. Le mariage tardif, caractéristique de l'Europe ancienne (à l'Ouest) est devenu le propre de certaines civilisations orientales.

Voir l'article sur Persée