Une aide à l'analyse: les lignes d'isoquotients. L'exemple de la nuptialité

I. Principes d'analyse
Par Jean-Paul Sardon
Français

Résumé

Sardon Jean-Paul. - Une aide à l'analyse : les lignes d'isoquotients. L'exemple de la nuptialité. Dans l'étude de la fécondité d'une année donnée, l'utilisation des événements réduits ne suscite généralement pas de débat. Par contre, dans le domaine de la nuptialité des célibataires, et particulièrement en période de modification du calendrier, on s'interroge régulièrement sur le choix de l'indice pertinent : synthèse par les taux (de seconde catégorie) ou synthèse par les quotients. En effet, pour ceux qui interprètent la somme des taux comme un indicateur d'intensité dans une cohorte fictive, le fait d'observer plus d'un premier mariage par personne disqualifie l'indice. Ils prônent alors l'utilisation des quotients, dont la synthèse, par construction, ne peut dépasser l'unité. Chacun de ces indices a ses vertus propres, et l'on doit limiter leur usage aux champs pour lesquels ils sont le mieux adaptés, en se gardant d'étendre leur interprétation au-delà du raisonnable. L'analyse transversale ne doit servir qu'à mesurer le «climat» de l'année quant au phénomène étudié, tout en essayant de mettre en évidence les modifications observées dans les générations qui pourraient en partie déterminer le niveau de l'année et permettraient de dresser l'évolution future dans les cohortes. Mais, pour ce faire, il faut que l'analyse soit menée de la manière la plus complète possible, en combinant les informations complémentaires fournies par les deux synthèses. Pour éviter le double travail de calcul des taux et des quotients, nous proposons d'utiliser la relation qui lie taux et quotients : le taux rapporte les événements à la population totale ayant déjà subi ou non l'événement, alors que le quotient ne les rapporte qu'à celle n'ayant pas encore subi l'événement Taux et quotient sont donc attachés l'un à l'autre à chaque âge par la proportion de personnes n'ayant pas encore subi l'événement. La relation stricte entre les trois éléments de la table de nuptialité peut être présentée sous forme d'un abaque constitué de trois réseaux : un réseau vertical qui correspond à la valeur du taux de nuptialité, un réseau horizontal qui représente la proportion de personnes déjà mariées et un réseau oblique qui donne la valeur des quotients. Chaque oblique reliant les points correspondant à une même valeur du quotient constitue une ligne d'isoquotients. Le maillage permet donc, par simple lecture sur la graduation oblique, d'estimer le niveau du quotient de nuptialité, sans autre calcul ~".z celui du taux à l'âge x et du cumul des taux jusqu'à l'âge x-l dans une même cohorte. L'assimilation des taux aux événements de la table faite ainsi suppose que les conditions d'indépendance et de continuité sont remplies. L'examen des données françaises sur la nuptialité depuis 1968 montre que ces conditions peuvent être raisonnablement considérées comme réalisées : l'erreur commise aux âges de plus forte nuptialité, c'est-à-dire avant 30 ans, est presque toujours largement inférieure à S %. Cette absence de biais important dans la mesure de la nuptialité en France, au cours des vingt dernières années, légitime l'utilisation de ce graphique qui associe sur une même figure le taux, la somme des taux et le quotient

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