La politique démographique en Egypte et son évaluation. Que nous apprennent les enquêtes récentes ?

Par Youssef Courbage
Français

Résumé

Courbage (Youssef). - La politique démographique en Egypte et son évaluation. Que nous apprennent les enquêtes récentes ? Cet article tente d'évaluer la politique démographique du pays-hôte de la Conférence Internationale de la Population. Echaudé par l'insuccès des politiques précédentes, le Gouvernement a posé des objectifs très prudents en matière de réduction de la natalité : 25 pour 1 000 en 2007. Il faudra attendre 1 992, pour que le taux de natalité franchisse la barre des 30 pour 1 000, un franchissement qui à l'époque nassérienne avait été prévu pour 1978. La modestie de ces objectifs, s'explique par une réceptivité limitée de la société civile aux valeurs de la famille restreinte et par une certaine démobilisation des principaux acteurs de la politique démographique, au sommet de l'État parfois. La politique démographique de l'Egypte a privilégié la contraception moderne pour diminuer la natalité, au détriment d'autres moyens. Des pays musulmans et arabes montrent cependant que la contraception moderne n'est pas l'unique voie pour accélérer la transition démographique. En Turquie, la contraception traditionnelle est à l'honneur, en Indonésie l'allaitement maternel reste très répandu, malgré la modernisation socio-économique. Enfin, les trois pays du Maghreb (âge moyen au mariage féminin de plus de 25 ans, 22,4 ans en Egypte en 1992) montrent qu'il est vain d'attendre le ralentissement de la fécondité sans renonciation au mariage précoce. Toutefois, l'élévation de l'âge au mariage féminin pose le problème plus global du statut de la femme dans la société égyptienne ; un statut qui semble se dégrader ainsi qu'en témoignent de nombreux indicateurs : surmortalité féminine dans l'enfance, pratique de l'excision, inégalité de scolarisation filles/garçons et faiblesse de l'emploi féminin.

Voir l'article sur Persée