Le diagnostic d'insalubrité et ses conséquences sur la ville : Paris 1894-1960

Par Claire Lévy-Vroelant
Français

Résumé

Lévy-Vroelant claire -Le diagnostic d'insalubrité et ses conséquences sur la ville : Paris 1894-1960 L'ancien appareil de repérage des causes d'insalubrité, construit pour lutter contre les épidémies, puis contre la tuberculose, a pu être mis à profit en France - en particulier à Paris et dans sa région - pour servir des politiques qui, bien que très différentes dans leur esprit, ont finalement contribué à transformer l'espace urbain. On se propose ici d'observer sur le long terme l'évolution des dispositifs d'action sur le logement dit insalubre. Plusieurs offensives, plus ou moins efficaces, se mènent parallèlement; les plaintes reçues par la commission des logements insalubres, de 1851 à 1965, et les suites qui leur sont données, montrent Tassez faible portée de la bataille pour contraindre les propriétaires à mener les travaux nécessaires jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale. Avec la délimitation des îlots insalubres à partir de la statistique de la mortalité tuberculeuse, l'offensive prend une ampleur nouvelle. Les « nids de microbes » une fois débusqués, il ne reste plus qu'à les détruire. Des opérations sont en effet menées dans certains îlots, entraînant la diminution de la population résidante davantage que la réduction des taux de mortalité tuberculeuse. L'analyse des bulletins de visite sanitaire établis, maison par maison, logement par logement, dans les années 1939 et 1940, montre que, de l'avis même des architectes-voyers chargés de l'expertise, les « insalubrités » ne touchent en moyenne qu'une maison sur deux, et rarement tous les logements de la même maison. Les opérations de rénovation urbaine, réalisées le plus souvent « en bloc », constituent donc une réponse inappropriée, donnée à un diagnostic incertain.

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